L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud a partagé ses inquiétudes concernant le pouvoir algérien et la répression des voix dissidentes. Dans une interview pour Le Monde, l’auteur de Houris a dénoncé l’autoritarisme du régime et la manière dont il empêche les opposants de s’exprimer librement. Il a également critiqué la presse de gauche, qu’il estime ne pas comprendre sa position.
Un pouvoir qui réduit les opposants au silence
Kamel Daoud n’a pas hésité à dire ce qu’il pensait du pouvoir algérien. Selon lui, le régime en place empêche toute opposition en usant de l’intimidation. Pour illustrer cela, il a partagé une citation d’Albert Camus : « L’exil est nécessaire pour la vérité. » Mais il a retourné la phrase pour l’adapter à l’Algérie : « Le mensonge est nécessaire pour y rester. »
En d’autres termes, Daoud explique que pour survivre dans ce climat, il est souvent nécessaire de mentir ou de se taire.
Il raconte l’histoire d’un écrivain qui a voulu signer une pétition de soutien à Boualem Sansal, un écrivain emprisonné, mais qui a finalement renoncé par peur des conséquences.
Les islamistes et leur emprise sur la culture algérienne
L’écrivain n’a pas non plus épargné les islamistes, qu’il accuse de prendre peu à peu le contrôle des espaces culturels en Algérie. Selon lui, ces islamistes se sont emparés des maisons d’édition, des librairies, et même des écoles, menaçant ainsi la liberté d’expression et de création.
Daoud évoque aussi le fait que ces groupes seraient « contents » de voir un écrivain en prison, en référence à Boualem Sansal, incarcéré pour avoir critiqué le gouvernement.
Pour lui, la culture algérienne est en danger, dominée par ceux qui veulent imposer leur vision conservatrice.
Une presse de gauche qui ne comprend pas les écrivains algériens
Mais Kamel Daoud ne s’est pas arrêté là. Il a également évoqué la presse de gauche, qu’il estime souvent mal comprendre.
Selon lui, cette presse attend des intellectuels algériens qu’ils parlent de manière conforme à ses attentes, en « neutralisant » leurs propres convictions. Pour Daoud, cela empêche les écrivains de s’exprimer librement et de porter un regard critique sur les choses.
Un écrivain qui dérange
Depuis plusieurs années, Kamel Daoud tient une chronique dans Le Point, où il attaque régulièrement à la fois la gauche et les islamistes. Cette liberté de ton lui a valu de nombreuses critiques.
On lui reproche souvent de ne pas être « le bon Arabe », celui qui se victimise et qui parle toujours du passé colonial. Mais l’écrivain refuse d’être enfermé dans ce rôle. Il dénonce un climat où il est difficile de s’exprimer librement, où chacun est poussé à se conformer à un discours bien défini.
Kamel Daoud continue donc de dénoncer un système dans lequel la liberté d’expression est de plus en plus menacée, que ce soit par l’État ou par des attentes idéologiques venues de différents horizons.