Sonia Dahmani : la chroniqueuse sera jugée le 24 janvier en Tunisie

la Rédaction

Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse tunisienne, est devenue une voix importante des débats sur la liberté d’expression en Tunisie. Son arrestation en mai 2024 et sa condamnation ont suscité de vives réactions tant au niveau national qu’international.

Arrestation en direct et condamnation initiale

Le 11 mai 2024, Sonia Dahmani a été arrêtée de manière spectaculaire lors d’une émission en direct de France 24, alors qu’elle se trouvait à la Maison de l’avocat à Tunis. Des policiers masqués ont fait irruption dans les locaux de l’ordre des avocats pour procéder à son arrestation, interrompant la diffusion en direct.

Cette arrestation faisait suite à des déclarations de Mme Dahmani sur la situation des migrants subsahariens en Tunisie, où elle critiquait les conditions de vie et les politiques migratoires du pays. 

Elle a été accusée de « diffusion de fausses nouvelles » en vertu du décret présidentiel 54, une législation controversée adoptée en 2022, qui pénalise la diffusion de fausses informations et est critiquée pour sa portée jugée excessive.

Procès en appel et prolongation de la détention

En juillet 2024, le tribunal de première instance a condamné Sonia Dahmani à un an de prison ferme. Cette décision a été perçue par de nombreux observateurs comme une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de museler les voix critiques à l’approche des élections présidentielles prévues en octobre 2024.

Le 10 septembre 2024, lors de son procès en appel, la peine a été réduite à huit mois de prison ferme. Le 24 octobre 2024, un autre tribunal l’a condamnée à deux ans de prison supplémentaires pour des accusations similaires de diffusion de fausses nouvelles, portant sa peine totale à deux ans et huit mois de détention.

Ces condamnations successives ont été critiquées par des organisations de défense des droits humains. Amnesty International a notamment appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle, considérant sa détention comme arbitraire.

Réactions et mobilisation

L’arrestation et la condamnation de Sonia Dahmani ont déclenché une vague de protestations parmi les avocats tunisiens. Le 13 mai 2024, des centaines d’avocats ont manifesté à Tunis pour dénoncer son arrestation et exiger sa libération, estimant que ces actions judiciaires portent atteinte à l’indépendance de la profession et aux libertés fondamentales.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens a également exprimé son inquiétude face à la multiplication des poursuites judiciaires contre les professionnels des médias et les critiques du gouvernement, dénonçant une dérive autoritaire et une menace pour la liberté de la presse.

Un jugement prévu le 24 janvier 2025

Alors que la date du 24 janvier approche pour une nouvelle audience en appel, le cas de Sonia Dahmani est un symbole des tensions entre les autorités tunisiennes et les défenseurs de la liberté d’expression. 

La communauté juridique et les organisations de défense des droits humains continuent de plaider pour sa libération et l’abandon des charges retenues contre elle et de préserver les acquis démocratiques obtenus après la révolution de 2011.

NEWSLETTER

Ne manquez pas une occasion

Soyez les premierq à être informé

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.