Shein ouvre son premier magasin au BHV : une inauguration sous haute tension à Paris

AM.wiss

Le géant chinois de la fast-fashion inaugure ce mercredi son premier point de vente à Paris, dans le mythique BHV du Marais. Une ouverture très attendue, mais qui se déroule sous pression, entre manifestations, critiques politiques et polémiques récentes liées à la vente de produits jugés inappropriés.

Une ouverture qui électrise les abords du BHV

Le rendez-vous est fixé à 13 heures, mais devant le BHV du Marais, l’ambiance était électrique dès le matin. Des manifestants, militants associatifs et simples passants indignés ont commencé à se rassembler, rejoints peu à peu par des élus venus « marquer le coup », selon leurs propres mots.
Face à eux, un important dispositif policier est déployé, avec plusieurs dizaines de fonctionnaires mobilisés pour éviter tout débordement.

« On savait que cette journée allait être tendue. On a anticipé », glisse un policier, les yeux rivés sur la foule.

Car ce n’est pas une simple inauguration. Shein, symbole d’une mode ultra-rapide produite à bas coût, fait l’objet de critiques constantes, accusée d’impacter l’environnement, d’exercer une pression sociale dans ses chaînes de production, et de participer à la surconsommation.

Un partenariat assumé par la direction du BHV

Malgré les protestations, le président du groupe SGM, propriétaire du BHV, Frédéric Merlin, maintient son choix. Selon lui, le commerce évolue et « le BHV se doit de refléter les nouvelles pratiques de consommation ». Il balaie les accusations d’opportunisme.

« On sait ce qu’on fait. Ce partenariat est réfléchi. Le public décidera avec ses achats », assure-t-il.

À l’intérieur, l’enseigne chinoise a installé un espace pensé comme une vitrine de son univers : vêtements colorés, accessoires tendance, prix très bas. L’objectif est clair : conquérir le terrain physique après avoir dominé les paniers en ligne.

Une controverse qui ne faiblit pas

Mais l’ouverture intervient dans un contexte particulièrement sensible. Ces derniers jours, la marque a été mise en cause après que la DGCCRF a découvert sur son site des produits à caractère explicite pouvant évoquer des mineurs. Même retirés depuis, ces articles ont déclenché un véritable séisme politique.

Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, s’est dit prêt à demander le blocage de Shein en France si l’enseigne ne garantit pas des contrôles stricts.

« On a dépassé les bornes », a-t-il averti. « La loi sera appliquée. »

En parallèle, Sarah El-Haïry, haute-commissaire à l’Enfance, exige des explications et une traçabilité complète des fournisseurs impliqués.

Un symbole des tensions autour de la fast-fashion

Au-delà de la polémique du moment, cette ouverture cristallise un débat plus large : Quel modèle de consommation voulons-nous ?

Entre défenseurs du pouvoir d’achat, militants écolos et protecteurs de l’enfance, Shein est devenu un miroir de nos contradictions. À quelques mètres de la vitrine où le public fait déjà la queue, une manifestante résume la situation, pancarte à la main :

« Ce n’est pas juste une boutique. C’est un choix de société. » La journée s’annonce longue et mouvementée.