Un beau matin : une fin douce-amère signée Mia Hansen-Løve, entre deuil et renaissance

la Rédaction

Le film Un beau matin, réalisé par Mia Hansen-Løve et sorti en 2022, s’achève sur une note à la fois déchirante et lumineuse, fidèle à l’univers délicat de la cinéaste. Porté par une Léa Seydoux d’une justesse bouleversante, le long-métrage explore la complexité du deuil anticipé, de l’amour et de la reconstruction. Et sa conclusion, sans pathos ni grand discours, en dit long sur l’art du “presque rien” chez Hansen-Løve.

Une fin sans drame, mais pas sans douleur

Dans les dernières scènes, Sandra (Léa Seydoux) rend visite à son père Georg, atteint du syndrome de Benson, une maladie neurodégénérative qui l’a progressivement coupé du monde. Il ne reconnaît plus ni sa fille, ni sa petite-fille. Pourtant, un dernier moment d’humanité s’impose : un chant collectif dans la maison de retraite, Mon amant de Saint-Jean, où l’émotion remonte brutalement à la surface. Sandra craque, en larmes, incapable d’affronter plus longtemps le reflet de cette lente disparition.

Ce n’est pas une explosion dramatique, mais une implosion silencieuse. La douleur ne se montre pas, elle se devine. Hansen-Løve filme ce moment avec pudeur, sans musique grandiloquente, comme un adieu sans mots.

Clément, le retour d’une présence

Parallèlement, Clément (Melvil Poupaud), l’amant longtemps empêché, finit par quitter sa femme et revient vers Sandra. Leur amour, jusque-là clandestin, peut enfin exister au grand jour. Mais là encore, le film ne cède pas à la facilité d’un “happy end” hollywoodien. Cette réconciliation n’efface rien, elle s’ajoute simplement à la vie. Hansen-Løve montre une femme qui, tout en perdant son père, retrouve un sens à sa propre existence.

C’est l’un des paradoxes du film. Il parle de perte, mais aussi de recommencement. De la possibilité d’aimer, même quand tout semble s’effondrer.

La dernière image : un regard vers la vie

Le tout dernier plan, celui où Sandra, Clément et la petite Linn montent jusqu’au sommet du Sacré-Cœur, symbolise cette respiration retrouvée. Paris s’étend sous leurs yeux, immense, vivant, indifférent et beau à la fois. Hansen-Løve ne cherche pas à clore l’histoire, elle ouvre plutôt une fenêtre.

Ce plan d’ensemble agit comme une métaphore. La vie continue, même quand la mémoire s’efface.

Une fin à l’image du cinéma de Hansen-Løve

Dans Un beau matin, la réalisatrice signe l’un de ses films les plus personnels, presque autobiographiques. Elle y aborde le thème du père malade (inspiré par sa propre expérience) avec une tendresse dénuée de tout misérabilisme. La fin du film est à son image, claire, aérienne, bouleversante par sa simplicité.

Pas de coup de théâtre, pas de morale, juste la vie telle qu’elle est, fragile, douloureuse, mais encore pleine de lumière.