Kamel Daoud, l’écrivain franco-algérien, connaît une ascension fulgurante dans le monde littéraire malgré une polémique qui aurait pu compromettre son succès. Lauréat du prestigieux prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, l’auteur se retrouve au cœur d’une controverse majeure qui n’a pourtant pas entamé sa popularité auprès des lecteurs. Alors que les critiques littéraires s’accordent à saluer son œuvre comme un chef-d’œuvre poignant sur la « décennie noire » en Algérie, une accusation explosive menace de ternir cette victoire.
Un succès littéraire éclatant malgré les vents contraires
Depuis sa sortie en août 2024, Houris caracole en tête des ventes. Ce roman, publié chez Gallimard, mêle lyrisme et tragédie pour explorer les traumatismes de la guerre civile algérienne, en mettant en lumière le destin d’une femme muette, Aube, qui cherche à surmonter les horreurs subies lors de cette période sombre.
Acclamé pour sa densité émotionnelle et sa puissance narrative, Houris a non seulement décroché le Goncourt, mais également le prix Landerneau et le prix Transfuge, devenant l’un des best-sellers les plus en vue en France cette année.
Le scandale qui entoure Houris
Cependant, cette réussite s’accompagne d’une polémique retentissante. Saada Arbane, une survivante de la décennie noire en Algérie, accuse Kamel Daoud d’avoir utilisé son histoire personnelle sans son consentement. Selon elle, l’auteur aurait puisé dans ses confidences, partagées au cours d’une thérapie avec la femme de l’écrivain, pour nourrir l’intrigue de son roman.
Ces révélations ont mené à des accusations de violation de vie privée et d’exploitation traumatique, une affaire qui sera examinée par les tribunaux algériens.
Cancel culture ou consécration ?
Malgré ce scandale, les ventes de Houris continuent d’exploser, propulsées par l’intérêt médiatique et la fascination qu’il suscite. Ce paradoxe soulève des questions sur la nature sélective de la cancel culture. Si certains écrivains ou artistes voient leur carrière anéantie pour moins que cela, Daoud semble échapper à cette logique, renforçant son statut de figure incontournable de la scène littéraire française.
Cette dynamique illustre une certaine ambivalence dans le traitement des figures controversées. D’un côté, son œuvre est plébiscitée pour sa capacité à capturer l’essence de la douleur collective algérienne. De l’autre, les accusations d’Arbane jettent une ombre sur cette réussite, laissant planer un doute sur les limites éthiques de la création artistique.
Pourquoi Houris séduit malgré tout ?
La polémique elle-même semble avoir attiré davantage l’attention sur l’œuvre, alimentant un débat autour de la liberté d’expression, des limites de l’appropriation artistique et de l’importance de raconter l’histoire d’un pays meurtri. Les lecteurs, qu’ils soient d’accord ou non avec l’approche de l’auteur, restent captivés par sa prose et son audace.
Kamel Daoud, connu pour ses positions souvent tranchées sur les questions culturelles et politiques, se trouve aujourd’hui dans une position unique : à la fois critiqué et célébré.
Ses déclarations sur l’importance de la liberté d’écrire dans un pays comme la France, où il trouve refuge pour explorer des sujets délicats, ajoutent une nouvelle couche de complexité à ce portrait d’un écrivain sous le feu des projecteurs.
