Isabelle Carré parle de la santé mentale dans Les Rêveurs

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Isabelle Carré passe derrière la caméra avec Les Rêveurs, un film inspiré de son propre roman. En revisitant son adolescence marquée par la souffrance et la reconstruction, l’actrice s’engage pour une cause qui lui tient à cœur : la santé mentale des jeunes.

Isabelle Carré passe derrière la caméra pour raconter une jeunesse en détresse

Dans Les Rêveurs, son premier film en tant que réalisatrice, Isabelle Carré adapte une partie de son roman autobiographique publié en 2018 chez Grasset. L’actrice y raconte son adolescence tourmentée, entre mal-être et recherche de lumière. Aujourd’hui, elle revisite ce passé à l’écran pour aborder un sujet qui la touche profondément : la santé mentale des jeunes. « Je veux donner de l’espoir aux adolescents », confie-t-elle avec douceur et conviction.

Un film né d’une urgence silencieuse

Pendant la pandémie, Isabelle Carré observe l’explosion des troubles anxieux chez les jeunes. Un choc. « La détresse psychologique pendant le confinement a fait écho à mon expérience », raconte-t-elle.

Adolescente, elle a connu l’hôpital Necker, les couloirs de la pédopsychiatrie et le silence des adultes. En transposant ce vécu à l’écran, elle espère briser le tabou et créer un dialogue intergénérationnel.

Son héroïne, Élisabeth — son double de fiction — traverse cette période trouble avec la même pudeur que l’actrice. La jeune Tessa Dumont Janod, inconnue du grand public, incarne ce rôle avec une justesse bouleversante. « Elle m’a rappelée moi, au même âge », confie Isabelle Carré.

Des chiffres qui font froid dans le dos

Pour écrire le scénario, la comédienne a enquêté sur la santé mentale des adolescents d’aujourd’hui. Elle découvre une réalité glaçante : les hospitalisations psychiatriques chez les filles de 10 à 14 ans ont augmenté de 246 % en dix ans.

Elle rencontre la professeure Marie-Rose Moro, cheffe de service à la Maison de Solenn, et participe à des ateliers d’écriture avec des jeunes hospitalisés. « Quand je leur ai dit que j’avais été internée au même âge, leurs visages se sont éclairés. J’ai compris la puissance du partage », explique-t-elle.

De cette expérience naît une idée forte : la pair-aidance, ce lien thérapeutique entre anciens et nouveaux malades, basé sur l’écoute et l’empathie.

Isabelle Carré, un engagement tout en douceur

Connue pour sa bienveillance et son élégance naturelle, Isabelle Carré assume ici une nouvelle mission : défendre la grande cause nationale de la santé mentale. « Je veux dire aux jeunes qu’ils ne doivent pas avoir honte, qu’il y a toujours une issue. »

Et son engagement ne s’arrête pas là. Avec la journaliste Delphine Saubaber, elle prépare un livre sur la solitude des adolescents et les bienfaits de l’écriture créative. Un prolongement naturel de son film.

Une actrice fidèle, une réalisatrice inspirée

À l’écran, elle retrouve Bernard Campan, son partenaire de toujours depuis Se souvenir des belles choses. Ensemble, ils partagent une complicité rare, empreinte d’humanité.

Et si Isabelle Carré se sent encore « plus vivante au théâtre que dans la vie », cette première réalisation lui a donné le goût de poursuivre derrière la caméra. « Je ne pensais pas aimer ça à ce point. »

Une transmission lumineuse

Dans Les Rêveurs, Isabelle Carré reprend un titre de Zaho de Sagazan, chante maladroitement mais avec sincérité. « Je ne maîtrise pas ma voix, mais je voulais le faire pour le film », sourit-elle.

Au générique, un clin d’œil à Sarah Biasini. « Sa mère, Romy Schneider, m’a sauvé la vie », confie-t-elle. Une réplique de l’actrice allemande — “Préférez les risques de la vie aux fausses certitudes de la mort” — est devenue son mantra.

Et c’est peut-être ça, le message du film : oser vivre, malgré les tempêtes.