Un film sur Jésus déprogrammé à la dernière minute, un réalisateur furieux, la droite qui crie à la censure… La polémique enfle à Marseille après l’annulation de la projection du docu-fiction Sacré-Cœur de Steven James Gunnell. En toile de fond, une question brûlante : jusqu’où va la laïcité en France ?
Un film annulé une heure avant sa diffusion
Ce mercredi 22 octobre 2025, tout était prêt au château de la Buzine, dans le 11ᵉ arrondissement de Marseille. Le réalisateur britannique Steven James Gunnell devait y présenter Sacré-Cœur, un film à la gloire de Jésus et de la foi chrétienne. Mais coup de théâtre : une heure avant la séance, la municipalité a ordonné son annulation pure et simple, invoquant le principe de laïcité.
Le château de la Buzine étant un établissement public géré par la Ville, l’entourage du maire Benoît Payan a estimé que la projection d’un film à caractère religieux n’était « pas envisageable ». « Ce n’est pas une polémique du maire contre Jésus », a-t-on ironisé à l’Hôtel de Ville, tout en assumant cette décision jugée nécessaire pour préserver la neutralité du service public.
La droite s’insurge : “Un effacement de nos racines”
La réaction politique ne s’est pas fait attendre. Plusieurs élus de droite ont dénoncé une “censure religieuse” et un “effacement de nos racines chrétiennes”.
Sylvain Souvestre, maire (LR) du 11ᵉ arrondissement, a fait part de sa « consternation » et de son incompréhension. « Un film a avant tout une valeur culturelle. Utiliser la laïcité pour justifier son interdiction est incompréhensible », déplore-t-il.
Martine Vassal, candidate à la mairie de Marseille, a fustigé une “laïcité à sens unique”, accusant la municipalité de toujours viser le même camp. La sénatrice Valérie Boyer (LR) enfonce le clou : « Marseille a accueilli le Pape, mais refuse un film sur Jésus ? Quelle contradiction ! Bientôt, on interdira les crèches, les croix et les marchés de Noël ? »
Même Nicolas Pagnol, petit-fils du célèbre écrivain et en conflit ouvert avec Benoît Payan, a accusé le maire de considérer que « les catholiques sont d’extrême droite ».
Le réalisateur explose : “Je ne supporte plus qu’on censure le christianisme”
Face à cette décision, le réalisateur Steven James Gunnell a littéralement vu rouge. « J’ai pété un câble hier soir, je ne supporte plus qu’on censure le christianisme en France », a-t-il déclaré.
Son film, mi-documentaire mi-fiction, raconte le parcours spirituel d’un jeune homme confronté à la foi dans un monde désenchanté. Rien de provocant selon lui, mais un message d’espérance.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que Sacré-Cœur se heurte à des refus. La SNCF et la RATP avaient déjà refusé de diffuser sa campagne d’affichage, invoquant son « caractère prosélyte ».
Entre laïcité et liberté culturelle, un débat sans fin
Si la mairie de Marseille se défend d’avoir voulu “faire taire” la religion, l’affaire relance une fois encore le débat sur la frontière entre laïcité et censure.
Peut-on projeter un film religieux dans un lieu public ? La neutralité de l’État justifie-t-elle l’interdiction d’une œuvre culturelle ?
A Marseille, cette annulation tombe à un moment politiquement sensible, à quelques mois des municipales de 2026. Et comme souvent, derrière la religion, c’est bien la bataille des symboles qui se joue.





