Prix Goncourt 2025 : qui est le grand favori ?

AM.wiss

La tension monte à une semaine de la proclamation du Goncourt 2025. Entre géants confirmés et plumes plus discrètes, la bataille s’annonce serrée. Mais dans les cercles littéraires, quelques noms se détachent déjà nettement.

Les dés sont presque jetés

Le verdict tombera le 4 novembre, comme toujours chez Drouant, à Paris. D’ici là, les spéculations vont bon train. Et si le Goncourt reste l’un des rares prix où rien n’est jamais totalement joué, certaines tendances se dessinent déjà.

Parmi les quatre finalistes — Nathacha Appanah (La nuit au cœur), Emmanuel Carrère (Kolkhoze), Caroline Lamarche (Le bel obscur) et Laurent Mauvignier (La maison vide) —, deux noms reviennent systématiquement dans les pronostics : Emmanuel Carrère et Nathacha Appanah.

Emmanuel Carrère, le poids lourd du Goncourt

Impossible d’ignorer Carrère. À chaque rentrée littéraire, son nom flotte dans l’air, souvent accompagné du mot “favori”. Avec Kolkhoze, publié chez P.O.L, il signe un roman ambitieux sur la mémoire soviétique, les idéologies mortes et les dérives du collectif.

Le livre impressionne par sa maîtrise narrative, son ironie et sa manière de revisiter les fantômes politiques du XXᵉ siècle. Certains y voient le roman “carrérien” ultime, celui qui synthétise son œuvre entre introspection et chronique du réel.

Mais cette réputation, justement, pourrait aussi jouer contre lui : Carrère a déjà tout eu, sauf le Goncourt. Et l’Académie aime parfois surprendre.

Nathacha Appanah, la revanche du cœur

Face à lui, Nathacha Appanah incarne une autre énergie. Avec La nuit au cœur, publié chez Gallimard, elle explore la reconstruction d’une femme face à la perte et à la violence du monde. Un texte dense, poétique, bouleversant.

Critiques unanimes, libraires conquis : son roman fait l’unanimité sans bruit. Et le Goncourt adore ce genre de trajectoire — une écrivaine respectée, discrète, qui émeut plus qu’elle ne choque.

Son livre s’inscrit dans la lignée d’une littérature sensible et universelle, capable de séduire tout autant les jurés que le grand public. Et ça, ça peut faire la différence.

Les outsiders à ne pas sous-estimer

Les deux autres finalistes n’ont pas dit leur dernier mot. Caroline Lamarche propose avec Le bel obscur un texte à la frontière du rêve et du réel, un roman d’atmosphère qui pourrait séduire le jury par sa singularité.

Laurent Mauvignier, lui, reste un habitué des sélections. Avec La maison vide, il explore le silence, la disparition, le vide laissé par l’absence — une écriture tendue, presque physique.

Les jurés du Goncourt aiment parfois récompenser une œuvre plus “radicale” pour affirmer un geste littéraire fort. Rien n’est donc impossible.

Les jurés, la variable imprévisible

Côté Académie, rien ne fuite vraiment. Christine Angot, Philippe Claudel, Tahar Ben Jelloun, Pascal Bruckner, Éric-Emmanuel Schmitt et les autres votent souvent selon des logiques très internes.

Certains penchent pour la rigueur formelle, d’autres pour la puissance émotionnelle. Bref, tout dépendra des humeurs autour de la table du Drouant… et d’un certain “effet surprise” que l’institution cultive avec soin.