Orelsan, la fuite vers l’âge adulte : ce que cache vraiment son nouvel album « La Fuite en Avant »

AM.wiss

Derrière le titre de son nouvel album, prévu pour le 7 novembre 2025, Orelsan parle moins de fuite que d’évolution. À 43 ans, le rappeur caennais signe une œuvre où se mêlent paternité, responsabilités, peur du temps et nostalgie de l’insouciance. Un virage intime, presque philosophique, pour l’un des artistes les plus lucides de sa génération.

Un album qui regarde vers l’avenir, mais avec les doutes du présent

Le titre intrigue. La Fuite en Avant — une expression qu’on associe à l’idée de mouvement, mais aussi de déséquilibre. Avancer, même quand on ne sait plus très bien pourquoi. Orelsan a souvent joué avec ce thème, entre cynisme et mélancolie, mais cette fois, il semble l’assumer pleinement.

Dans plusieurs extraits entendus lors d’une écoute privée à Caen, l’artiste évoque « la peur de vieillir avant d’avoir grandi » ou encore « le monde qu’on laisse aux gosses ». Des phrases simples, mais qui résonnent. L’homme derrière le rappeur semble rattrapé par ce qu’il a longtemps esquivé : la vie d’adulte, les choix, la famille, le quotidien.

De la paternité au désenchantement, un Orelsan plus humain que jamais

Ce n’est pas un hasard si plusieurs morceaux parlent de filiation. Depuis quelque temps, les fans évoquent la paternité d’Orelsan — une rumeur jamais vraiment confirmée, mais qui semble transparaître dans certains textes. L’artiste y évoque “ce petit miroir qui me regarde sans comprendre ce que je fuis”.

Pas besoin de tout dire pour comprendre : La Fuite en Avant explore cette tension entre l’homme public et le type normal, celui qui se débat avec les lessives, les deadlines, les peurs du lendemain.

Orelsan, qui a souvent joué les “grands enfants” du rap français, se découvre ici en adulte imparfait. Plus vulnérable, moins ironique, mais toujours précis dans son écriture.

Un virage musical à l’image du thème

L’album s’annonce aussi varié dans le fond que dans la forme. Les collaborations annoncées — de Yamê à Thomas Bangalter, en passant par Ikura du duo japonais YOASOBI — traduisent un goût pour les contrastes : entre électro et émotions brutes, entre spleen et espoir.

Le son se veut plus cinématographique, avec des arrangements signés Skread et des touches orchestrales inédites. On parle d’un disque plus lent, plus contemplatif, parfois presque spoken word. Comme si Orelsan se parlait à lui-même, sans chercher à plaire.

Le prolongement du film Yoroï

Difficile de ne pas voir de lien entre l’album et Yoroï, le film dans lequel Orelsan tient un rôle central. Le film raconte la chute d’un héros en quête de rédemption ; le disque, lui, semble raconter ce qu’il reste quand les projecteurs s’éteignent.

Les deux œuvres se répondent, formant une sorte de diptyque entre fiction et réalité. La Fuite en Avant devient alors un miroir intime, celui d’un artiste qui regarde en arrière tout en essayant d’aller de l’avant.

Orelsan, le grand ado devenu adulte malgré lui

Au fond, ce nouvel album pourrait être résumé en une phrase : Orelsan grandit. Lentement, maladroitement, mais sincèrement. Après avoir décrit sa génération paumée dans Le Chant des Sirènes et ses désillusions dans Civilisation, il signe ici une introspection d’homme mûr.

Et si “fuir en avant”, c’était simplement une autre façon de dire “continuer à vivre” ?