Mubi fait polémique : boycott, défense et gros chèques… Que se passe-t-il vraiment ?

la Rédaction

La plateforme de streaming cinéphile Mubi, adulée pour son catalogue pointu et ses choix artistiques audacieux, se retrouve au cœur d’une polémique inattendue. En cause ? Une levée de fonds de 100 millions de dollars auprès de Sequoia Capital, un fonds d’investissement américain… qui investit aussi dans Kela, une start-up de défense israélienne fondée après les attaques du 7 octobre 2023. Et forcément, ça fait des vagues.

Quand le cinéma rencontre la tech militaire

Pour la petite histoire, Sequoia Capital, c’est un mastodonte de la Silicon Valley. Ils ont misé sur Apple, Google, ByteDance (TikTok), bref, ils pèsent lourd. Mais récemment, leur nom est aussi lié à Kela, une jeune pousse israélienne fondée par d’anciens agents du renseignement, qui développe un système d’exploitation militaire intégrant l’IA.

Et là, certains abonnés et professionnels du cinéma ont vu rouge. Des appels au boycott de Mubi ont émergé sur les réseaux, notamment par le collectif Film Workers for Palestine, qui déclare être « horrifié » par cette alliance et demande le remboursement immédiat des fonds.

Mubi tente de calmer le jeu

Face à la pression croissante, Mubi a publié un communiqué ce samedi sur Instagram :

“Notre décision de collaborer avec Sequoia n’a qu’un seul objectif : faire rayonner le cinéma audacieux dans le monde entier. […] Les opinions de certains investisseurs ne reflètent pas celles de Mubi. Nous restons une entreprise indépendante dirigée par ses fondateurs.”

Bref, la plateforme assume son choix tout en prenant soin de marquer une distance avec les prises de position individuelles de ses investisseurs.

Et pendant ce temps, Mubi cartonne à Cannes

Ironie du timing, cette controverse survient alors que Mubi continue son ascension fulgurante sur le marché du cinéma. À Cannes, la plateforme a mis le paquet, déboursant 24 millions de dollars pour le film Die My Love avec Jennifer Lawrence et Robert Pattinson.

Sans oublier The Substance, leur plus gros succès à ce jour (80 millions de dollars au box-office), qui a offert à Demi Moore une nomination aux Oscars.

Impact réel ou polémique passagère ?

Pour l’instant, il est difficile de mesurer l’impact concret du boycott. Mais dans un climat culturel très polarisé sur la guerre Israël-Gaza, les liens entre finance et politique n’ont jamais été aussi scrutés. Même dans les coins les plus arty de l’industrie.En tout cas, la question se pose, peut-on consommer du cinéma indépendant en toute innocence quand les sources de financement proviennent (directement ou indirectement) d’entreprises liées à un génocide ?