L’ancien évêque de Verdun, Mgr Jean-Paul Gusching, a quitté ses fonctions après que le Vatican a confirmé qu’il avait entretenu des relations avec plusieurs femmes, en contradiction avec son engagement sacerdotal. Une enquête canonique est en cours et un signalement a été transmis à la justice civile, sans précision pour l’instant. Le prélat a été contraint de se retirer de toute vie pastorale publique.
Une démission qui n’était pas seulement liée à la santé</h2>
Fin septembre, l’annonce était passée presque discrètement. À 69 ans, Mgr Jean-Paul Gusching renonçait à sa charge d’évêque de Verdun, évoquant une fatigue, des raisons de santé, la nécessité de se mettre en retrait. Un départ qui, sur le moment, n’avait rien d’étonnant. Puis les précisions du Vatican sont arrivées, plus directes, moins feutrées.
La nonciature apostolique en France a confirmé jeudi que cette démission n’était pas seulement volontaire. Rome l’avait sollicitée. En cause, des relations entretenues avec des femmes, ce qui va à l’encontre du vœu de célibat imposé aux prêtres et évêques dans l’Église catholique. Selon Mgr Philippe Ballot, administrateur apostolique du diocèse, l’intéressé avait déjà reçu des injonctions de cesser ces relations. Elles seraient restées sans suite.
On n’en sait pas davantage sur l’ampleur de ces liens, ni sur leur durée. Ce silence laisse volontairement une zone floue. Les mots sont mesurés, mais la décision, elle, est nette.
Une enquête interne mais aussi un signalement extérieur
Au-delà du strict respect du droit canon, le dossier pourrait ne pas rester cantonné à l’Église. La nonciature a confirmé qu’un signalement a été transmis à la justice civile. Sans préciser si des infractions sont soupçonnées. Un élément qui change la portée de l’affaire.
Pourquoi signaler ? Est-ce simplement une obligation interne depuis les scandales d’abus sexuels dans le clergé ? Ou existe-t-il des éléments nouveaux ? Pour l’heure, aucune autorité judiciaire n’a confirmé l’ouverture d’une enquête. On reste dans un entre-deux, celui qui interroge sans accuser, le territoire des prudences officielles.
Dans le même temps, une enquête canonique préliminaire a été confiée à deux évêques, dont Mgr Stanislas Lalanne, évêque émérite de Pontoise. Cette procédure interne déterminera si des sanctions spirituelles ou disciplinaires supplémentaires doivent être appliquées.
Une mise à l’écart imposée
En attendant, le Vatican a imposé à Mgr Gusching une forme de retraite forcée. Il doit vivre loin d’Amiens, son diocèse d’origine, et loin de Verdun. Il lui est interdit de célébrer publiquement la messe, d’assurer des missions pastorales ou d’apparaître en figure religieuse active. Une discrétion imposée.
Pas une excommunication, pas une exclusion totale, mais une disparition organisée de la vie diocésaine.
Un évêque marqué par le combat contre les abus
Ironie silencieuse. Mgr Gusching s’était montré particulièrement engagé dans la dénonciation d’un abbé de la Meuse accusé d’abus sexuels sur mineurs durant près de trente ans. Lorsque les faits ont été révélés, ils étaient prescrits. Il avait exprimé sa douleur, sa colère, son incompréhension face à ce sentiment d’impunité. Ses mots de l’époque sonnent aujourd’hui d’autant plus forts.





