Le chanteur bosnien Halid Bešlić s’est éteint à 71 ans, la fin d’une légende des Balkans

la Rédaction

Le monde de la musique balkanique est en deuil. Halid Bešlić, voix emblématique de la Bosnie-Herzégovine et figure incontournable de la chanson populaire de l’ex-Yougoslavie, est décédé à l’âge de 71 ans. L’artiste s’est éteint à Sarajevo, après plusieurs semaines d’hospitalisation au Centre clinique universitaire, où il était soigné pour de graves complications hépatiques.

D’après les médias locaux, le chanteur avait d’abord été pris en charge dans le service de néphrologie avant d’être transféré en oncologie, son état s’étant progressivement aggravé. En septembre, son manager s’était pourtant voulu rassurant, affirmant que la santé de Bešlić s’améliorait. Malheureusement, l’interprète de Miljacka n’a pas réussi à surmonter la maladie.

Une vie marquée par la passion et la résilience

Né le 20 novembre 1953 dans le village de Vrapci, près de Knežina, Halid Bešlić a grandi dans une famille modeste. Très jeune, il développe un goût profond pour la musique traditionnelle, ce qui le conduit à chanter lors de mariages et de fêtes locales. Après son service militaire, il s’installe à Sarajevo, où sa carrière prend un tournant décisif.

Dans les années 1980, il s’impose rapidement comme l’une des voix les plus populaires de la scène folk yougoslave. Son timbre chaud, sa sincérité et ses textes empreints de nostalgie et d’amour lui valent une reconnaissance qui dépasse les frontières de la Bosnie. Des chansons comme Neću, neću dijamante, Budi budi uvijek sretna ou encore Miljacka deviennent de véritables hymnes régionaux.

Un artiste engagé et aimé de tous

Pendant la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995, Halid Bešlić n’a jamais cessé de chanter. Il a organisé plus de 500 concerts humanitaires à travers l’Europe et l’Amérique du Nord, reversant les bénéfices aux victimes du conflit. Cette générosité, doublée d’une humilité rare, lui a valu une immense affection du public.

Même après un terrible accident de voiture en 2009, au cours duquel il a perdu un œil, Bešlić n’a jamais quitté la scène. “La musique m’a sauvé la vie”, confiait-il à l’époque, avant de remonter sur scène quelques mois plus tard. Ce courage, cette fidélité au public, ont fait de lui bien plus qu’un chanteur, une légende vivante, symbole de ténacité et d’espoir.

Un dernier adieu plein d’émotion

Avant sa mort, Halid avait publié un poème dédié à sa femme, Sejda, qu’il décrivait comme “sa plus grande force et son ange gardien”. Mariés depuis plusieurs décennies, ils formaient un couple admiré pour leur complicité et leur discrétion.

L’annonce de sa disparition a suscité une immense vague d’émotion à travers les Balkans. Fans, artistes et responsables politiques lui rendent hommage sur les réseaux sociaux, saluant la mémoire d’un homme “qui a uni les peuples par la chanson”.

Halid Bešlić laisse derrière lui un héritage musical inestimable, traversant les générations et les frontières. Ses mélodies continueront de résonner dans les cafés, les stades et les foyers de tout le monde balkanique — comme un rappel d’un temps où la musique savait rassembler, consoler et faire rêver.