Jul : pourquoi le livre du dessinateur a été censuré par le gouvernement ?

la Rédaction

Une nouvelle version du conte La Belle et la Bête, commandée par l’Éducation nationale pour être distribuée aux élèves de CM2, a été annulée à la dernière minute. L’ouvrage, réalisé par le dessinateur Jul, devait faire partie de l’opération Un livre pour les vacances, qui offre chaque année un classique de la littérature aux écoliers. Mais après avoir validé le projet, le ministère a changé d’avis, jugeant cette version « inadaptée » aux enfants de 10 ans.

Une version jugée trop adulte

L’édition revisitée du célèbre conte intégrait des éléments modernes : un père venu d’Algérie, des références aux contrôles policiers, à l’alcool ou encore aux réseaux sociaux.

Des choix narratifs qui n’ont pas convaincu l’Éducation nationale. « Sans accompagnement pédagogique, ce n’est pas adapté », a déclaré la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, sur CNews et Europe 1.

Selon la lettre envoyée par la direction générale de l’enseignement scolaire à l’éditeur, certaines illustrations abordent des thématiques trop complexes pour des élèves de primaire, comme l’immigration ou la précarité. On y voit notamment le père de Belle ivre, bouteille de vin en main, chantant Les Lacs du Connemara.

Jul dénonce une forme de censure

L’auteur de BD, connu notamment pour Silex and the City, ne cache pas sa colère face à cette décision. 

« On ne comprend toujours pas. On a travaillé pendant des mois avec l’éditeur, qui est un partenaire du ministère. Tout semblait validé », a-t-il déclaré sur BFMTV.

Jul va encore plus loin en évoquant un possible refus idéologique. Il dénonce aussi un rejet du multiculturalisme, affirmant que le ministère n’aurait pas accepté l’image d’une Belle méditerranéenne.

Une polémique politique ?

Cette annulation relance le débat sur la place de la littérature et de la modernité à l’école. Certains y voient une simple décision pédagogique, d’autres une forme de censure

« L’argent n’a pas été dépensé, les livres n’ont pas été tirés. C’est un ouvrage intéressant, mais pas pour ce cadre », a justifié la ministre.

Pour les enseignants et spécialistes de la littérature jeunesse, le sujet mérite réflexion. Faut-il moderniser les contes classiques pour mieux parler aux enfants d’aujourd’hui ? Ou doit-on préserver leur dimension intemporelle ?

L’affaire continue de faire réagir sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes dénoncent une censure excessive.

Quoi qu’il en soit, cette version de La Belle et la Bête ne rejoindra pas les cartables des écoliers cet été.