Sorti en 2018, Voyez comme on danse marque le retour de Michel Blanc à la mise en scène, seize ans après Embrassez qui vous voudrez. Même esprit choral, mêmes personnages pour la plupart, mais un ton plus mélancolique, presque désabusé. Le film, entre comédie et drame, explore les petites lâchetés et les grands secrets d’une génération prise entre crise de la cinquantaine et désenchantement contemporain.
Des vies qui s’emmêlent
On retrouve ici Élisabeth (Charlotte Rampling), désormais veuve en apparence, puisque son mari Bertrand (Michel Blanc) a disparu sans laisser de trace. Véro (Karin Viard), mère célibataire dépassée, apprend que sa fille Éva est enceinte d’Alex, un jeune homme un peu perdu. Lucie (Carole Bouquet) s’inquiète pour son mari Julien (Jean-Paul Rouve), convaincu d’être espionné. Autour d’eux gravitent d’autres personnages, chacun enfermé dans ses angoisses, ses mensonges ou ses compromis.
Michel Blanc tisse cette toile d’histoires entremêlées avec une précision de chirurgien. Ce qui, sur le papier, pourrait ressembler à une simple comédie de mœurs devient ici une radiographie grinçante de la bourgeoisie contemporaine. Tout le monde ment, ou presque, mais avec une certaine tendresse, comme si ces mensonges étaient la colle fragile qui maintient la société debout.
Une mise en scène élégante et cruelle
Le réalisateur filme ses personnages sans jugement, mais sans indulgence non plus. Les dialogues, ciselés et souvent très drôles, cachent mal la détresse des protagonistes. On rit, oui, mais un rire qui coince un peu dans la gorge.
Le rythme, volontairement décousu, épouse les errances des personnages. Il faut accepter de se perdre avec eux, de ne pas tout comprendre tout de suite, car Voyez comme on danse refuse les grandes révélations et préfère les nuances.
Une fin ouverte, fidèle à l’esprit du film
La conclusion, fidèle à l’approche de Michel Blanc, ne cherche pas à tout boucler. Bertrand quitte discrètement son foyer, laissant derrière lui une épouse qui croit encore à son retour. Véro et Éva tentent d’affronter l’avenir, sans certitude, mais avec une forme d’apaisement. Les autres poursuivent leur route, un peu cabossés, mais debout.
Pas de morale, pas de résolution spectaculaire, juste un constat lucide. La vie continue, même quand rien n’est vraiment réglé.
Un miroir de notre époque
Voyez comme on danse parle de nous, de nos contradictions, de cette manière qu’on a tous de “faire semblant” pour survivre. C’est parfois cruel, souvent juste, et toujours d’une élégance rare. Michel Blanc signe ici une comédie humaine où chaque sourire cache une fêlure, chaque silence une vérité inavouée.
Un film à la fois léger et profond, qui rappelle que sous les rires se cachent souvent les plus grandes tristesses.





