Après Imane Khelif, les boxeuses françaises exclues des Mondiaux : un nouveau scandale secoue la boxe féminine

la Rédaction

Quelques mois seulement après la tempête médiatique provoquée par l’affaire Imane Khelif, championne olympique algérienne écartée pour avoir refusé de se soumettre à un test génétique controversé, c’est au tour des boxeuses françaises de payer le prix d’un règlement jugé absurde et humiliant. Le couperet est tombé mercredi soir, faute de résultats reçus dans les temps, les Tricolores ne participeront pas aux Championnats du monde 2025 à Liverpool.

Une décision brutale et incompréhensible

Pour Dominique Nato, président de la Fédération française de boxe (FFB), la douche est glaciale. Réélu en décembre dernier et figure respectée du noble art, il n’a pas mâché ses mots : « Je suis abasourdi, mortifié. Cette décision est totalement injuste. »

À l’origine du scandale : l’obligation imposée par World Boxing aux participantes de présenter un test génétique prouvant leur féminité. Une mesure qui divise profondément le monde du sport et qui, en France, pose un problème légal. En effet, la législation française interdit strictement ce type de test, sauf pour des raisons médicales précises. Impossible donc de réaliser ces examens sur le territoire.

Contrainte et forcée, la FFB a donc organisé en urgence le déplacement des boxeuses à Leeds, au Royaume-Uni, pour effectuer le test. Les championnes tricolores s’y sont soumises lundi midi, à seulement quelques jours du début des Mondiaux. Mais voilà : les résultats n’ont pas été communiqués à temps. Verdict implacable : exclusion.

Le spectre d’Imane Khelif

Difficile de ne pas faire le parallèle avec Imane Khelif, qui avait secoué la planète boxe quelques mois plus tôt. L’Algérienne, sacrée à Paris lors des Jeux olympiques de 2024, avait refusé de passer ce test jugé discriminatoire, préférant saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour contester la légitimité de cette règle.

L’affaire avait fait grand bruit, entre polémiques sur la place des femmes dans le sport, suspicion infondée autour de certaines athlètes et débats éthiques sur ce que signifie « prouver sa féminité ».

Cette fois, les Françaises se sont pliées aux directives. Et malgré cela, elles se retrouvent privées de compétition. Une situation que Dominique Nato résume avec amertume : « Les mêmes qui nous ont orientés vers ce laboratoire sont ceux qui nous virent derrière. C’est à ne plus rien y comprendre. »

Une fédération française sur la défensive

Face aux critiques, certains pointant une supposée incompétence, le patron de la FFB s’insurge. « On était dans les clous, on nous avait assuré que les résultats reviendraient dans les temps. » Pour lui, la priorité est ailleurs. Soutenir des athlètes profondément affectées. « Ce qu’elles vivent est terrible, nous allons les accompagner psychologiquement », promet-il.

Car au-delà de l’aspect sportif, c’est bien l’humain qui est au cœur du scandale. Ces boxeuses, pour certaines mères de famille, se retrouvent soudainement privées d’un rendez-vous majeur de leur carrière, après des mois d’entraînement intensif.

Une règle qui divise la planète sport

La polémique autour des tests génétiques dans le sport n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, des fédérations internationales imposent des examens biologiques ou hormonaux pour confirmer la « féminité » des athlètes. Garantir l’équité en compétition. Mais dans les faits, ces pratiques sont dénoncées comme humiliantes, stigmatisantes et juridiquement contestables.

Le cas français illustre parfaitement le casse-tête : comment appliquer une règle internationale qui contrevient aux lois nationales ? En France, l’interdiction est claire. Et pourtant, sans ce test, impossible de monter sur le ring.

Et maintenant ?

La FFB envisage-t-elle de saisir le TAS, comme l’a fait Imane Khelif ? La question reste en suspens. Dominique Nato se montre prudent : « C’est un sujet délicat. Nos filles ont été exclues, nos garçons entrent en lice. On va prendre le temps de réfléchir avec nos juristes. »

En attendant, le mal est fait. La délégation française féminine rentrera sans avoir disputé un seul combat, laissant un goût amer et un sentiment d’injustice.

Une crise d’image pour la boxe mondiale

Ce nouvel épisode ternit encore un peu plus l’image de la boxe féminine et de ses instances dirigeantes. À force de vouloir « laver plus blanc que blanc », comme le dit Nato, World Boxing s’expose à des critiques grandissantes. Entre suspicion permanente, atteinte à la vie privée des sportives et organisation chaotique, le noble art donne l’image d’un sport englué dans des polémiques hors du ring.

Pour les Françaises, c’est une opportunité gâchée. Pour le public, un scandale de plus. Et pour la boxe mondiale, une question brûlante : jusqu’où ira-t-on dans ces contrôles pour définir qui a le droit – ou non – de boxer ?